Pourquoi nous ne fabriquerons plus en France ? On vous dit tout !

Pourquoi nous ne fabriquerons plus en France ? On vous dit tout !

Pourquoi Épopées ne fabriquera plus en France, et pourquoi c'est une bonne nouvelle.

Après avoir traversé un nombre incalculable de galères en 5 années d'existence, toutes liées à la production, Épopées ne fabriquera plus ses jeans en France. En ce jour de soldes, nous allons vous en expliquer les raisons du mieux que nous le pouvons et avec toutes la franchise et la transparence qui nous caractérise depuis que nous avons débuté ce projet avec vous.
 
Vous verrez notamment que le coût du travail français n'est pas pour grand-chose dans cette décision, mais que nous avons surtout pris conscience que nous nous étions trompés de combat.

Asseyez-vous confortablement, servez-vous une tasse de café noir (ou thé vert ou vodka)... On en a gros sur la patate donc ça risque d'être un peu long !

Il est bien difficile de savoir par où commencer, tant nous avons à dire...

Voilà 5 ans qu'Épopées est né et vit grâce à vous.
Comme vous le savez peut-être, dès le départ, nous avons choisi de fabriquer nos jeans en France car nous avons toujours souhaité vous proposer un produit de bonne qualité, réalisé dans de bonnes conditions (on vous rassure tout de suite sur ce point : ça n'a pas changé !).
Mais voilà, après 5 années de ce qui ressemble à de l'acharnement, 5 usines testées et de nombreux problèmes de production, nous ne pouvons plus continuer ainsi et avons fait le choix de traverser quelques frontières.

Certains d'entre vous se détourneront peut-être de notre marque car ils sont attachés au Made in France plus qu'à toute autre cause. Nous pouvons le comprendre, et nous vous souhaitons bonne route. Sincèrement. D'autres marques existent et continueront d'exister (même si vous n'aurez jamais les mêmes fesses qu'avec nous, cela va sans dire).
De notre côté, grâce à l'expérience acquise pendant ces 5 ans, nous avons aujourd'hui un regard beaucoup plus critique et informé vis à vis de ce que doit être un bon jean en 2019, et pourquoi la fabrication française n'y a pas sa place.
 
 
Un jean beau et juste.
 
Tout d'abord, un bon jean est produit par un atelier consciencieux et impliqué, qui a envie de bien faire. Un peu utopiste nous direz-vous ? Alors disons simplement par un atelier qui fait le boulot sur lequel il s'est engagé, et pour lequel il est justement rémunéré.
Quand vous créez une marque de jeans mais que vous n'êtes pas Xavier Niel, Elon Musk ni même Arnaud Montebourg, vous devez commencer petit, tester votre produit, votre vision, vos valeurs, avec peu de moyens, pour que l'argent récolté grâce à la vente de vos premières pièces vous permette de faire une 2ème production plus importante, et ainsi de suite…
 
En 5 ans de tentatives, nous n'avons pas trouvé, dans les ateliers avec lesquels nous avons travaillé (et en France, il n'en reste pas beaucoup), la moindre motivation à faire perdurer un savoir-faire. Non seulement ce n'est pas une volonté de l'État français, qui ne nous a jamais aidé d'une quelconque façon dans notre combat (méfiez-vous des grands discours creux des politiques en mal de popularité), mais ça ne semble pas être non plus une volonté de ces ateliers, qui n'ont jamais traité avec sérieux nos commandes, nous livrant systématiquement avec 4 à 8 mois de retard.
On vous ôte tout de suite d'un doute : nous avons payé cher chacun de ces ateliers, grâce à nos économies personnelles et celles de nos proches, ainsi qu'à l’indispensable soutien du Réseau Entreprendre, mais surtout au support incroyable que vous nous avez apporté lors de notre campagne de financement participatif, en 2014. Ils n'avaient donc aucune excuse.
 
Chaque année nous avons l'ambition de produire plus et ainsi de pouvoir réaliser des économies d'échelle et vous proposer de nouveaux modèles. Mais pour cela, il faut que les ateliers jouent le jeu. Or, notre pouvoir de négociation avec les fournisseurs étant faible, certains d'entre vous ont pu expérimenter de longues semaines d'attente pour recevoir un jean. On vous le dit tout de go, pour ceux qui ont su/pu patienter : MERCI ! 
Certains d'entre vous ont également demandé le remboursement de leurs commandes et nous les comprenons. Nous ne pouvons décemment en vouloir à personne, si ce n'est nos fournisseurs.
Lorsque l’on effectue un achat sur internet, on désire être livré rapidement, c’est normal. Nous avons donc rassemblé toutes nos forces et sommes parties en quête de l'atelier parfait, avec lequel collaborer en 2019.
 
Ensuite, un bon jean permet à la marque qui le crée de survivre. Il est inutile de fabriquer le vêtement le plus cool du monde, à la fois beau, éthique et confortable, si personne ne le sait car vous n'avez pas les moyens de communiquer ou même de vous rémunérer, vous poussant prématurément dans les abîmes de l'endettement... Et paf : vous n'existez-plus, vos clients retournent acheter des jeans Chinois ou Bangladais chez Levi's et vos efforts n'ont servi à rien.


Nos toiles sont toutes certifiées Oeko-Tex

Notre marque ne dégage aucun bénéfice depuis 5 ans. AUCUN salaire pour nous les cofondateurs, Hélicia et Aurélien (et 5 ans, c'est long).
Une situation très inconfortable qui nous contraint à multiplier les petits boulots à côté (freelancing, cours de sport, taxi collaboratif, portier dans les grands magasins, vendeur...), tout en faisant confiance à des fournisseurs qui ne le méritent pas. Car oui, si notre fabriquant nous livre avec 4 mois de retard parce qu'il ne considère pas notre commande digne d'intérêt, cela signifie 4 mois de ventes en moins, soit une sacrée entaille dans la trésorerie et les perspectives de développement. Le serpent qui se mord la queue…
 
 
Un objectif : produire mieux, ailleurs.
 
Enfin et surtout, un bon jean est un jean visionnaire, tourné vers l'avenir. Et l'avenir, c'est la planète, l'environnement, les droits de l'homme. C'est ici que la "galaxie denim", qui figure parmi les plus gros pollueurs mondiaux, a un grand rôle à jouer. Aujourd'hui, on se permet de vous le dire : il n'y a pas de savoir-faire spécifique à préserver en France dans la confection de jeans (contrairement à d'autres domaines comme la dentelle ou la haute couture par exemple). C’est en tout cas ce que l’on a constaté en tant que marque qui essaye d’innover. Quand vous collaborez avec des usines en France qui ne savent pas travailler d’autres toiles que le 100% coton (incompatibles avec notre positionnement), et bien vous vous dites que le savoir-faire est ailleurs… 
Bref, nous sommes capables de le faire, mais dans quel but ? Créer quelques emplois à compter sur les doigts d'une main, dans un secteur que nous maîtrisons moins bien que nos voisins ?
En ce qui nous concerne, si nous avons donné du travail à quelques salariés en usines de confection et à d'autres fournisseurs, nous n’avons pas réussi à créer un seul emploi au sein de notre entreprise, pas même le nôtre, ou alors il est bénévole…
 
Non, ce qui nous semble primordial, c'est de communiquer et de nous engager pour que nos jeans soient réalisés dans des conditions éthiques et écologiques justes. Ce sera un point important pour nous dans les collections à venir. Outre l’indispensable retraitement de l’eau, nous nous intéresserons aux délavages au laser et au sourcing de matières recyclables, entre autre. De nombreux pays du bassin méditerranéen réalisent un excellent travail dans la confection de jeans, dont ils sont les spécialistes mondiaux depuis des décennies. Leur travail est d'excellente qualité et ils sont bien mieux équipés que les ateliers français, ce qui leur permet d'optimiser leurs découpes pour réduire au maximum les chutes de matières, de réaliser des délavages modernes, moins toxiques et moins gourmands en eau… Un cercle vertueux en somme.
 
Parmi ces pays, voisins de la France de quelques centaines de kilomètres seulement, nous nous sommes particulièrement intéressés au Portugal (nous y avant lancé une pré-production à titre de test), et au Maroc, dans lesquels nous avons trouvé une véritable volonté de nous accompagner dans notre développement, et de faire "quelque chose de bien".
 
Nous ne ferons jamais fabriquer nos pantalons dans des pays asiatiques car ce qui se passe là bas est souvent de l'ordre du désastre éthique et écologique. De plus, nous n'adhérons pas à la politique du prix au détriment de la qualité et ne pourrions pas nous permettre de contrôler efficacement dans quelles conditions sont fabriqués les jeans. En revanche, le Made in France comme simple argument marketing, sans véritable fondement derrière (respect, qualité, relation de confiance avec les fournisseurs…), nous n'en voulons pas non plus.
 
 
Il est temps de vous présenter notre nouveau partenaire. Il s'appelle Michel, et on l'aime déjà :)

Une table de coupe de l'atelier de Michel
Piqueuse dédiée à la couture des poches

Un nouveau départ grâce à l'atelier de Michel !
 
Nous avons passés de nombreux coups de fil et sollicité l'aide de nombreux jeunes entrepreneurs pour nous aider à trouver l'atelier de nos rêves. C'est chose faite grâce à l'équipe d'Asphalte, une jeune marque française réalisant des vêtements pour homme de qualité et qui ont du sens, et dont les équipes nous ont gentiment partagé un contact de confiance.
"Appelez Michel, à Casablanca. Vous verrez, il est super !". Merci à eux.
 
15 jours plus tard, nous étions au Maroc, et ce fût une révélation.
Michel est un personnage haut en couleurs qui a tout de suite souhaité nous aider. Il règne dans son atelier une ambiance familiale, pourtant ce sont près de 300 personnes qui travaillent ici pour le compte de clients produisant des jeans de qualité qui seront vendus dans le monde entier. Nous avons visité l'ensemble de sa structure et mis au point les premiers prototypes ensemble. Pour la première fois en 5 ans, ça nous a paru simple ! Les prototypes sont impeccables et l'accueil réservé par l'équipe était à la hauteur de leur volonté de partager notre aventure. Ça nous a immédiatement redonné du baume au coeur !
 
 
Concrètement, que se passe-t-il maintenant ?
 
Nous terminons actuellement la mise au point des modèles avec l'équipe de Michel et lançons la production d’ici quelques jours. Il faudra ensuite patienter 4 à 6 semaines avant que nos jeans n'arrivent, mais vous pouvez déjà les précommander sur notre site internet.
Vous retrouverez, dans un premier temps, les modèles que vous connaissez déjà, auxquels nous avons ajouté de petites finitions supplémentaires (on ne vous en dit pas plus à ce sujet car on souhaite quand même garder notre part de mystère).
 
L’histoire redémarre fin Février !


Le travail des détails de personnalisation
 
Last but not least, on existerait pas sans vous !
Si vous recevez ce courriel, c'est parce que nous vous comptons parmi nos clients depuis un bon moment. Peut-être avez-vous contribué à notre campagne de financement participatif en 2014, ou peut-être avez-vous expérimenté les longues semaines à attendre que nous puissions vous livrer, doutant de notre honnêteté, ou croyant même parfois que l’on était aux Bahamas en profitant de l’argent de vos commandes. Que nenni, l’un de nous vit encore chez ses parents.
Dans tous les cas, on vous remercie encore d'être là !
 
Si notre histoire vous touche, que vous vous sentez proches des valeurs de Épopées, et bien entendu que vous voulez les plus belles fesses du monde, alors continuez à nous suivre, parlez-en à votre entourage et commandez vos jeans sur notre site. Nous mettons plus que jamais tout notre coeur à vous livrer le meilleur jean possible, et pouvons désormais vous communiquer une date estimative de livraison fiable, en attendant de tirer un trait définitif sur les ruptures de stocks à répétition au mois de février-mars 2019.
 
Enfin, si vous êtes investisseur et intéressé par notre approche, ou si vous connaissez quelqu'un qui connaît quelqu'un..., alors n'hésitez pas, notre salut risque de passer par un financement à terme. Notre seule exigence : que vos intentions soient nobles. On ne serait pas contre un coup de pouce après les innombrables et inimaginables péripéties qui nous ont souvent fait chavirer, parfois pleurer, et qui ont, pendant 5 ans, considérablement entamé notre enthousiasme à développer notre marque, qui a pourtant du potentiel. Car oui, le pire dans tout ça, c'est que nous vendons TOUT ce que nous avons en stock. Cocasse, vous avez dit COCASSE ?
 
 
MERCI À VOUS ET À TRÈS BIENTÔT…